31 décembre 2014 _écriture _série périodiques
Felix Blume, jeune ingénieur du son français, s’est installé dans la ville de Mexico. Là-bas, il écoute et enregistre passionnément, de la pluie ou du catch, des klaxons ou des canards, des clochettes ou des voix. Et en rapporte un paysage sonore : « Los Gritos de Mexico ».
Et si vous laissiez vos oreilles faire un pas de côté ? Elles pourraient bien entendre une comète chanter, des crevettes discuter, un volcan crier, des fourmis manger, de l’air crépiter ou Internet vrombir – et ce ne seront pas des illusions acoustiques. Voici une exploration, à travers une sélection de créations sonores, de ce que l’on imaginait silencieux ou inapprochable, inaudible ou inexistant, et que l’on découvre non seulement sonore, mais musical. Une série réalisée par Juliette Volcler et Étienne Noiseau.
« Fichu printemps » de Christine Renaudat se veut une « approximation sonore du conflit syrien », composée en hommage à ses victimes civiles. Et pose la question d’une approche esthétique de la guerre.
Dans « BE scape », « peinture sonore » produite en 2014 par l’Acsr, le promeneur écoutant Vincent Matyn-Wallecan rêve tout en sons à partir de textes du promeneur écrivant Jacques Darras. Une fête pour l’oreille, une utopie en sons. Mais le rêve est inquiet.
C’est un documentaire sur la guerre, une guerre qui a eu lieu là, sous nos yeux, et que personne n’a voulu voir. À propos de Dans la gueule du diable (Brazzaville, 1998) de Jonas Pool.
Le monde est tout ce qui arrive : un « essai radiophonique » sans cesse réinventé, où se croisent poésie et politique. Par Bernard Fontaine sur Canal Sud.
MégaCombi décoiffe les oreilles des Lyonnais·es depuis 2008 sur le 102.2 MHz de Radio Canut. Rencontre et discussion avec Frib, Gribsih et Combi.
« Choisissez l’ambiance musicale de votre gare ! » Cette invitation lancée en mai par la SNCF aux usagers de ses lignes d’Ile-de-France dissimulait une intention moins innocente qu’il n’y paraît : les concertos de Mozart ou les nocturnes de Chopin visaient à éloigner les jeunes et les sans-domicile-fixe. Encore balbutiant, le modelage de l’univers sonore des villes suscite une foule d’initiatives… et de questions.
Harold Burris-Meyer est disséminé. On tombe sur lui par bribes et par hasard. Il fait des apparitions fugaces, dans tel livre, dans tel témoignage, dans telle nécrologie, il passe, deux lignes, il disparaît. Il est au centre, mais on le balaye sur le côté. Il est célèbre, mais parfaitement inconnu.
Portrait de Mehdi Ahoudig, auteur pour Arte Radio et France Culture, deux fois récompensé au Prix Europa, à travers un parcours d’écoute dans ses œuvres.
Les fabricants d’armes aiment de plus en plus la nature et le clament haut et fort. Les dispositifs acoustiques, très présents dans les recherches récentes, sont symptomatiques de cet intérêt nouveau. Sous la verdure, une singulière conception de la vie sociale.
Ça se passe dans un lieu au nom impossible à prononcer. Ou plutôt : que l’on croit impossible à prononcer, et on rit de cette impossibilité. Très vite, on l’entend, on l’apprend et il chante : Kirkjubæjarklaustur.
En Irak, un camp d’exilés iraniens. Tout autour, des haut-parleurs installés par les autorités iraniennes et irakiennes. Un vacarme permanent où s’annonce la destruction du camp. Un moyen parmi d’autres, pour l’Irak et l’Iran, de forcer les exilés et la « communauté internationale » à respecter l’ultimatum unilatéral fixant la fermeture du camp au 31 décembre prochain.
Les alarmes de très forte intensité sont de plus en plus employées, par la police ou par les militaires, comme outil de contrôle des foules et de maintien de l’ordre. Les manifestants en Amérique du Nord, en Chine ou en Israël goûtent aujourd’hui à trois dispositifs principaux.
On connaît l’origine militaire d’internet et de l’informatique grand public, on sait moins que les chaînes hi-fi et les haut-parleurs de cinéma actuels doivent également beaucoup à la recherche militaire. Un épisode méconnu de la Seconde Guerre mondiale livre quelques éléments de cette généalogie. Oui, ça fait belle lurette que l’industrie du divertissement porte à merveille le kaki.
Ne garder d’une explosion que son bruit ? Ne garder d’un bruit que son effet de souffle ? Scientifiques et militaires ont songé à tout pour construire de nouvelles armes, létales ou « non létales ». Avec un succès mitigé, mais pas totalement nul. Bienvenue dans le monde merveilleux des canons à vortex ou à vent, des bouchons d’air et des canons à détonations.
La musicologue Suzanne G. Cusick a largement documenté l’usage par l’armée états-unienne de la musique comme moyen de torture dans la « guerre contre le terrorisme »1. Phénomène nouveau, dit-elle : on bombarde à plein volume et pendant des jours d’affilée dans les cellules des morceaux de rap, de metal ou de pop.
Marseille, comparutions immédiates.
À Marseille, il n’y a pas que les bulldozers d’Euroméditerranée, les métros qui s’arrêtent juste avant les quartiers Nord et les bancs publics remplacés par des panneaux de pub. Il y a aussi le Jardin, une association potagère, artistique et conviviale. Autant l’avouer tout de suite : quand on est là-haut, on n’est pas loin de penser que c’est un bout de paradis. Parce que ce sont des copains et qu’on y traîne souvent nos guêtres ? Sans doute. Mais surtout parce que c’est un lieu comme on n’en connaît pas beaucoup, un petit morceau d’utopie en construction permanente.
Il en va de l’espace sonore comme de tous les autres : il se conquiert, s’exploite, se contrôle - Far West audio sur lequel il s’agit de faire main basse. Et surtout, il se rentabilise. L’Audio Spotligh, technologie en développement permettant de cibler les destinataires de l’agression sonore, s’annonce ainsi comme un nouvel eldorado publicitaire. Présentation.
Tu traînes tes guêtres dans les manifs et sur Article XI, alors on n’a sans doute plus grand chose à t’apprendre sur la matraque, les lacrymos, le canon à eau, le tazer et le flash-ball. Mais on s’est dit qu’on allait te familiariser avant que tu n’y goûtes avec une nouvelle catégorie d’armes dites « non-létales » : les armes soniques. Et on s’intéresse plus généralement aux usages militaires et policiers du son.
Marseille, comparutions immédiates.
Augmentation du nombre de camps de réfugiés, militarisation du traitement de l’asile : « Ici, ce n’est plus la politique qui ouvre ses ministères, mais l’Etat d’urgence qui installe son administration », dit Paul Virilio. Compte-rendu de deux bouquins de Michel Agier : Aux bords du monde, les réfugiés et Gérer les indésirables - Des camps de réfugiés au gouvernement humanitaire.
Avril 2009 : un exilé meurt d’un coup de couteau au square Villemin, où (sur)vivent comme en taule une centaine d’Afghans. Une bagarre, diront les médias. Libé a vu plus loin : au square il y a des Afghans, mais aussi des abeilles - et Libé en a fait un reportage sonore plein de poésie. Ou comment le champ social se fait dépouiller de sa portée politique par les grands médias, et parfois aussi les petits, s’ils ne s’avisent pas de faire gaffe.