22 février 2012 _intempestive _son _série folies
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dignes successeurs des Hôpitaux Généraux de l’Ancien Régime, les asiles du XIXème siècle sont des annexes de la Préfecture de police, qui peut y « placer d’office » toutes les personnes qu’elle estime « aliénées »,
pour des motifs qui relèvent plus de la police et de la morale que d’une quelconque maladie - et parmi ces personnes, cibles de choix, les prostituées populaires : entretien avec Tiphaine Besnard, auteure aux éditions l’Harmattan de l’essai Les prostituées à la Salpêtrière et dans le discours médical. 1850-1914, une folle débauche
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on parle du cadre réglementaire de la prostitution au XIXème siècle, des différentes catégories de prostituées à l’époque (filles « en carte », « à numéro », « libres », « insoumises ») et des différentes classes sociales de prostituées (courtisanes ou populaires) ; on parle de la « visite médicale » d’ordre vétérinaire imposée aux prostituées, notamment dans les colonies, et des autres formes de contrôle qu’elles subissent ; on parle de la police des mœurs et de l’obsession des élites du XIXème pour la prostitution ; on parle des motifs d’enfermement psychiatrique, pour « débauche », « alcoolisme », « paresse », « exubérance », « délire d’ambition » ou « délire de persécution » ; on parle de la volonté de punir la pauvreté, de l’enfermer et de la faire taire ; on parle de la manière dont la « science » psychiatrique sert à légitimer la morale bourgeoise de l’époque et à en imposer les valeurs ; on parle du « traitement moral » visant à guérir les esprits par des bains glacés ou des frayeurs brutales ; on parle du lien entre « bonne santé » et « bonne moralité » ; on parle de l’enfermement préventif de personnes « en puissance de criminalité » ; on parle de la « syphilis morale » qui sert de prétexte à imposer une sexualité bien réglementée ; on parle du danger que représente les prostituées pour les valeurs bourgeoises ; on parle des révoltes des prostituées et des protestations des mouvements féministes ; on parle de nouvelles formes de psychiatrisation de la prostitution aujourd’hui à travers le « symptôme post-traumatique » présent dans le DSM, bible des maladies
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au fil de l’émission, Kuuleminen Asiat joue « Sweet Lily » (de l’album Wires on Words, paru chez l’excellent netlabel Surrism Phonoethics), Six heads interprète « Laughing Bag Saloon » (de l’album Six Heads or The Appearance of Hairs Band, encore chez Surrism Phonoethics), Pablo Ribot mixe « Type Patch Anomaly » (de l’album éponyme, toujours chez Surrism Phonoethics), Tangela Tricoli chante « Jet lady » (issu de la superbe compilation Songs in the key of Z), Lucia Pamela chante « Walking on the moon » (de la même compile), Adeaf mixe « Panics » (de la non moins intéressante collection Avantgarde Masterieces parue chez Liebe Records)
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et les images sur cette page sont issues de l’intrigant Codex Seraphinianus écrit dans les années 1970 par Luigi Serafini
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émission diffusée le mercredi 22 février 2012 à 20h, rediff samedi 25 à 1h, sur Radio Galère (88.4 MHz à Marseille), ensuite disponible à l’écoute et au téléchargement sur cette page - également diffusée sur Radio G (101.5 MHz à Angers) le 1er mars 2012
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Les prostituées à la Salpêtrière et dans le discours médical, 1850-1914, une folle débauche _paru chez l’Harmattan en 2010
le Strass _Syndicat du travail sexuel, et notamment sa dénonciation du « symptôme post-traumatique »
le DSM _« Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux »
et d’autres formes de psychiatrisation sexuelle aujourd’hui : celle des trans
de multiples émissions sur les questions des discriminations de genre, de la sexualité ou du travail sexuel sur le site du réseau radiorageuses
les travaux d’Alain Corbin et Gabrielle Houbre sur la prostitution
la loi du 30 juin 1838 _ sur les aliénés
et l’Hôpital général sous l’Ancien Régime
Girl, interrupted _Une vie volée en français, film de James Mangold avec Angelina Jolie en jeune femme internée dans un hôpital psychiatrique, qui est évoqué en début d’émission