24 août 2011 _écriture _espace public, enquête acoustique _série livres
Une fois n’est pas coutume, un bouquin plutôt qu’une émission. Le son comme arme : les usages policiers et militaires du son sort en librairies ce 1er septembre 2011. Il paraît aux éditions de la Découverte et reprend en la développant l’enquête initialement parue sur le site d’Article XI, puis via des chroniques dans le bimestriel du même nom. Vous pouvez en lire le dernier chapitre, le plus analytique, sur le site de la revue Contretemps.
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Une liste détaillée de la documentation employée est disponible en PDF, vous y trouverez notamment les liens vers bon nombre d’articles ou de documents déclassifiés directement consultables sur Internet :
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« Lalafalloujah », tel est le surnom donné par les GI’s à la ville irakienne de Falloujah en 2004, alors qu’ils bombardaient ses rues de hard rock à plein volume. « C’était comme envoyer un fumigène », dira un porte-parole de l’armée états-unienne. Les années 2000 ont en effet vu se développer un usage répressif du son, symptomatique de la porosité entre l’industrie militaire et celle du divertissement, sur les champs de bataille et bien au-delà. Rap, metal et même chansons pour enfants deviennent des instruments de torture contre des terroristes présumés. Des alarmes directionnelles servent de technologies « non létales » de contrôle des foules dans la bande de Gaza comme lors des contre-sommets du G20, à Toronto et à Pittsburgh. Des répulsifs sonores éloignent des centres-villes et des zones marchandes les indésirables, adolescents ou clochards.
L’enrôlement du son dans la guerre et le maintien de l’ordre s’appuie sur plus d’un demi-siècle de recherches militaires et scientifiques. La généalogie des armes acoustiques, proposée ici pour la première fois en français, est tout autant celle des échecs, des fantasmes et des projets avortés, que celle des dispositifs bien réels qui en ont émergé. Aujourd’hui, l’espace sonore est sommé de se plier à la raison sécuritaire et commerciale. Souvent relégué au second plan au cours du xxe siècle, celui de l’image, il est devenu l’un des terrains d’expérimentation privilégiés de nouvelles formes de domination et d’exclusion. Et appelle donc de nouvelles résistances.
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Lien sur le site des librairies indépendantes : https://www.librairiesindependantes.com/product/9782707168856/
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Introduction. « Nous ne savons pas encore ce que peut un corps sonore »
Chapitre 1. « Les oreilles n’ont pas de paupières » : aspects techniques de l’audition
Chapitre 2. « Le rayon de la mort » : infrasons et basses fréquences
Chapitre 3. « Frappés par un mur d’air » : explosions
Chapitre 4. « Totalement coupé de l’univers connu » : silence et saturation
Chapitre 5. « Les cloches de l’enfer » : des fréquences moyennes aux ultrasons
Chapitre 6. « Peu importent vos raisons d’être ici, veuillez quitter les lieux » : le son du pouvoir
Conclusion. « Un geste sonore passionné »
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Les citations en titre sont tirées des bouches de : Steve Goodman, Pascal Quignard, Murray Schafer, Pierre Schaeffer, Bashô, la rumeur, Vladimir Gavreau, des promoteurs d’armes acoustiques, Vic Tandy et Tony Lawrence, des habitants de Gaza, Sara, un autre habitant de Gaza, encore Sara, la CIA, Ulrike Meinhof, John Marks, AC/DC, Martha and the Vandellas, un militant des droits de l’homme cité par Mitch Potter dans « Israelis unleash Scream at protest » (Toronto Star, 6 juin 2005), un cadre de LRAD Corp, la police de Pittsburgh, Catherine Porter, Tales of Symphonia, de nouveau Steve Goodman et le collectif Escoitar.